Analyse des factures ou courbes de charges : quelle méthode pour votre optimisation tarifaire ?

Joanna Todorova
Date12 septembre 2019

On ne peut pas stocker l’électricité… les acteurs du secteur de l’énergie doivent donc ajuster la production aux besoins des consommateurs. D’où les pénalités pour ceux qui dépassent la puissance souscrite au moment de l’abonnement. Comment savoir quel contrat est le plus adapté, surtout lorsque vous devez faire face à des pics de consommation ? Découvrez les 2 secrets de l’optimisation tarifaire : l’analyse des factures et l’étude des courbes de charges.

Qu’est-ce que l’optimisation tarifaire ?

L’optimisation tarifaire permet aux consommateurs de payer le prix juste, au regard de leur utilisation du réseau d’électricité. Après détection d’éventuelles anomalies de facturation, elle consiste à identifier la puissance maximale à souscrire en fonction de leurs besoins réels.

La puissance souscrite

Caractéristique essentielle du contrat de fourniture d’électricité, la puissance souscrite indique la puissance électrique maximale à ne pas franchir, sous peine de pénalités. La puissance d’un abonnement doit être fixée au plus près des besoins : ni trop basse pour éviter les disjonctions, ni trop élevée pour limiter les coûts d’abonnement.

 

Les changements induits par le passage au TURPE 5

Reversés par les fournisseurs aux distributeurs d’énergie, les coûts liés aux Tarifs d’Utilisation du Réseau Public d’Électricité (TURPE) sont supportés par les consommateurs. Ils sont destinés à couvrir les charges d’exploitation, d’entretien et de développement des réseaux électriques.

Avant le passage au TURPE 5 en août 2017, les consommateurs devaient s’engager sur un niveau de consommation pendant 12 mois glissants. Aujourd’hui, il est possible de changer de tarif tous les mois – avec une puissance souscrite au kWh près : on peut ainsi optimiser ses consommations précisément selon ses besoins. De plus, la souscription temporaire à une puissance trop faible ne donne plus lieu à des pénalités, mais simplement à un rattrapage sur les factures suivantes.

La composition d’une facture

Le TURPE représente environ 1/3 des coûts d’une facture d’énergie. Les 2/3 restant se répartissent équitablement entre le prix de l’électricité et les taxes.

Optimisation tarifaire sur les données de facturation : les principes

Qui est concerné ?

Les optimisations tarifaires sont majoritairement destinées aux compteurs des groupes C1 à C4 dont la puissance est supérieure à 36 kVa. Les compteurs C5 des petits consommateurs d’électricité font rarement l’objet d’une optimisation : les gains à réaliser sur ces compteurs sont en effet trop faibles pour rentabiliser la démarche.

Quelles données collecter ?

  • la consommation mensuelle globale sur 12 mois glissants pour avoir une visibilité sur l’année entière et ne pas subir les phénomènes de saisonnalité. Il est également possible de travailler sur 24 mois si l’historique est suffisant ;
  • la puissance souscrite au moment de l’abonnement. Elle peut varier suivant 5 tranches horo-saisonnières : heures creuses été / heures pleines été / heures creuses hiver / heures pleines hiver / heures de pointe ;
  • la puissance maximum atteinte correspondant aux pics de consommation réelle  ;
  • la consommation d’électricité par tranche, utile pour identifier quand se produisent les pics (été/hiver, heures creuses/heures pleines) ;
  • les dépassements : les pics de consommation dépassant la puissance souscrite et donnant lieu à pénalités.

Quels résultats ?

En fonction de la consommation et des pics de consommation maximum observés sur une année, il est possible de faire une proposition d’optimisation.

Évolutions des tarifs d’électricité induites par le passage au TURPE 5

évolutions induites par le TURPE

Optimisation tarifaire sur courbes de charge : les spécificités

Qui est concerné ?

Les optimisations tarifaires sur courbes de charge sont essentiellement réalisées sur les compteurs C1 à C4 et, à de rares occasions, sur les compteurs C5 avec Linky.

Quelles données collectées ?

  • les courbes de charge P10 indiquant la puissance électrique appelée toutes les dix minutes : elles peuvent être récupérées automatiquement pour les analyses via une API mise à disposition par le gestionnaire de réseau Enedis ;
  • les puissances souscrites par tranches horo-saisonnières à récupérer sur les factures ou auprès d’Enedis.

Quels résultats ?

L’analyse des courbes de charge permet d’avoir une vision très précise sur les dépassements. Il est ainsi possible de distinguer les pics de consommation ponctuels des dépassements importants puis d’estimer leur temporalité.

2 exemples d’optimisation tarifaire

Exemple #1

Alors que la puissance souscrite est de 700 kW, l’analyse de la courbe de charge montre que la puissance soutirée n’a jamais dépassé les 400 kW depuis 2016. Il est donc possible de baisser la puissance pour éviter de payer une capacité de soutirage non utilisée.

ceci est une courbe de charge télé-relevée

Estimation après proposition d’optimisation

ceci est une analyse de courbe de charge

Exemple #2

Les propositions peuvent être établies au kW près pour une optimisation au plus juste.

Ceci est une courbe de charge télérelevée

Estimation après proposition d’optimisation

ceci est une estimation de courbe de charge

Si ces deux méthodes d’optimisation tarifaire donnent de bons résultats, l’analyse des courbes de charge est plus précise que celle des factures et permet de proposer différents scénario d’optimisation. Avec la collecte des données Enedis par API et les systèmes d’alerte en cas de dépassements, vous disposez de nombreuses solutions pour optimiser votre contrat de fourniture d’électricité. Vous avez la donnée et le gestionnaire de réseau vous permet de faire vos ajustements : n’hésitez plus !

Pour mieux prendre en compte le risque d’une variation forte de la consommation future par rapport à la consommation utilisée dans l’analyse, l’optimisation tarifaire pourra bientôt tenir compte de la thermosensibilité des sites en fonction d’hypothèses de variation des températures. Encore un pas vers l’optimisation de vos coûts en énergie !