Certification ISO 50 001 – Comment Picard a relevé le défi de l’éco-responsabilité

Agathe Monteil
Date17 mai 2018

Afin de répondre aux enjeux de la certification ISO 50 001, Picard a mis en oeuvre une politique énergétique ambitieuse et innovante au sein de laquelle la data a une place de choix. Arnaud Brulaire, Responsable Développement Durable chez Picard Surgelés, revient dans cet entretien sur l’engagement de l’enseigne en termes de performance énergétique au sein de ses 980 points de vente.

Bonjour Arnaud Brulaire. Quels étaient vos enjeux en termes de pilotage de la consommation énergétique de vos 980 points de ventes ?

Voilà bientôt 4 ans que nous sommes certifiés ISO 50 001. Nous passons le prochain audit de certification au mois de juin, ce qui nous permet de nous inscrire dans une démarche d’amélioration continue. Nous nous sommes d’ailleurs fixés l’objectif de réduire notre consommation de 10 % à climat constant et à activité constante entre 2012 et 2020.

Pour nous, la réduction de notre consommation énergétique est primordiale. Nous consommons en moyenne 160 GWh par an, cela correspond à peu près à la consommation d’une ville comme Fontainebleau.

Quels sont les résultats de cette démarche éco-responsable ?

Ils sont positifs : nous en sommes presque à 6 % de réduction fin 2017 ! Nous sommes donc en bonne voie pour atteindre les -10 % en 2020.
Il nous reste à faire un certain nombre d’efforts pour tenir nos objectifs, passant notamment par l’identification de nouvelles solutions techniques et technologiques. Parmi les principales actions que nous sommes en train de déployer sur nos points de vente :

  • Le remplacement des congélateurs par des neufs qui consomment en moyenne 20 % de moins que les anciens ;
  • La mise en place d’éclairage LED, que l’on déploie systématiquement dans nos magasins depuis deux ans maintenant ;
  • Des réducteurs de tension dans les zones où la trop haute tension des lignes EDF fait surconsommer nos équipements : dans les magasins tests bénéficiant de ces réducteurs de tensions on observe des réductions de consommation de l’ordre de 10 à 15 % ;
  • Le pilotage de la climatisation des magasins : la nuit, nous baissons la consigne de température du magasin pour soulager les congélateurs ;
  • La détection rapide des dérives de consommations afin de pouvoir les corriger au plus vite.

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Comment détectez-vous les dérives de consommation des magasins ?

Depuis plus de deux ans, nous avons mis en place un système de suivi et d’analyse des consommations de nos points de vente qui repose exclusivement sur la data. C’est-à-dire que nous sommes en mesure de collecter les consommations de nos points de vente à distance et sans ajout de compteur supplémentaire. Le système de détection est précis et réactif car il repose sur la télérelève : nous sommes informés toutes les 10 minutes sur les consommations de la quasi-totalité des magasins. Les données de consommations sont croisées avec les données du magasins (horaires d’ouverture, adresse, surface…) et celles des équipements. Grâce à ce travail de contextualisation, des algorithmes sont ensuite capables d’identifier automatiquement les anomalies et de nous alerter.

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Mais, une fois la dérive détectée automatiquement, il faut aussi comprendre précisément quelle en est la cause. C’est à ce moment que l’humain succède à la machine. Aujourd’hui, nous essayons d’automatiser l’analyse de l’origine d’une dérive, notamment grâce à l’analyse de notre historique de consommation et au machine learning.

Quel rôle ont à jouer les équipes travaillant dans les magasins Picard ?

Les collaborateurs en point de vente sont impliqués sur la partie « comportementale » de cette démarche. Plusieurs bonnes pratiques sont ainsi encouragées comme par exemple l’entretien quotidien des équipements (dégivrage et dépoussiérage régulier des congélateurs…) ou encore sur le fait d’alerter rapidement les services techniques en cas de problème (réglage des températures ou des horloges…).

Nous formons nos équipes en magasin à ces pratiques. Nous avons notamment mis en place un module e-learning il y a deux ans qui, en 15 min, fait la liste des réflexes à avoir. Nous nous assurons aussi de transmettre à nos équipes des informations sur la performance de leur magasin lors de la réunion avec leur responsable régional, deux fois par an, afin de les challenger.

Avez-vous le sentiment, aujourd’hui, que le sujet énergie est bien intégré à la réflexion des différents services Picard ?

Après 4 ans de démarche ISO 50 001, on constate une véritable implication de la part des équipes, notamment celles des services centraux mais aussi de direction et du siège. L’entreprise est fière d’être certifiée : cet engagement est ancré dans le quotidien et dans notre manière de gérer nos consommations énergétiques.

Du côté du terrain, on observe une certaine dilution de cette implication : les changements sont plus lents, mais c’est normal – nous parlons de 4 000 collaborateurs à sensibiliser. Les audits annuels nous permettent de constater les progrès effectués mais aussi les trous dans la raquette. Sur la trentaine de magasins que nous auditons chaque année, il y en a ainsi toujours 5 ou 10 qui n’ont pas intégré les bonnes pratiques.

Picard fait finalement face à des enjeux assez classiques en termes de performance énergétique, à la fois environnementaux et économiques. Car, réduire notre consommation, c’est non seulement réduire notre bilan carbone mais aussi notre facture… et cette facture s’élève à environ 20 millions d’euros par an pour 980 magasins Picard ! Nous surveillons de près toutes les évolutions techniques et technologiques pour améliorer sans cesse notre performance. Notre objectif à 2020 n’est qu’une première étape !

Merci à Arnaud Brulaire pour cet entretien.